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Émergents : quelles recettes gagnantes?

Αναδυόμενες χώρες.. Συνταγές επιτυχίας

Actes de l’Assemblée Générale Annuelle de la FANAF (Fédération des Sociétés d’Assurance de Droit National Africaines), Kigali, 20 février 2012.

 

1. Que faut-il entendre par « pays émergents » ? Trois critères sont ici proposés :

– Pays venant de ce que l’on appelle le Sud, ou encore PVD (Pays en Voie de Développement) ou encore, plus anciennement, PSD (Pays Sous-Développés). La Russie vient s’ajouter à ce critère.

– Forte croissance du PIB (Produit Intérieur Brut) : au moins 6 à 7% par an , sur une durée d’au moins cinq ans. Nette croissance également du PIB par tête.

– Nette amélioration du bien-être social : santé, espérance de vie, recul ou éradication de l’analphabétisme.

– Nette tendance à s’affranchir des effets d’hégémonie exercés traditionnellement par  les pays du Nord, et en particulier les Etats-Unis.

On parle souvent de BRIC ou encore de BRICS pour évoquer les émergents les plus importants : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud. En fait, des pays plus petits peuvent faire partie de ce groupe ou être en train de le rejoindre : Malaisie, Corée, Indonésie…

Nous considérons pour notre part que les cas les plus archétypiques sont ceux de la Chine et du Brésil. À noter que tous les pays du Sud ne sont pas concernés par cette émergence, loin de là.

2.  La situation de l’économie mondiale, à l’exception des émergents, est caractérisée par la perduration de la crise financière qui a éclaté fin 2007 et qui se traduit pour les Etats-Unis comme pour l’Europe par un énorme surendettement public sur fond de croissance faible ou nulle et de montée du chômage. Il s’en suit un effet de rattrapage au bénéfice des émergents et au détriment des pays industrialisés. Sur le plan géopolitique, la seule hyper puissance reste les Etats-Unis qui enregistre cependant un net déclin. En fait nous allons vers une situation de multipolarité  extrêmement complexe marquée par l’imprévisibilité des conflits, des alliances et des rapports de force.

3.  Le groupe des émergents et en particulier des BRIC est très hétérogène : population, PIB par tête, balances extérieures, réserves de change, hétérogénéité ethnique… Quatre caractères peuvent cependant se retrouver à des degrés divers dans chacun d’entre eux.

4.  Le premier concerne une identité nationale forte, à laquelle s’ajoute une idée de revanche.
La montée en puissance et donc le rattrapage, sont ainsi considérés comme faisant partie du destin national.

Cela n’est pas nouveau : la montée du tiers-mondisme révolutionnaire des années cinquante et soixante sur fond de décolonisation relève du même phénomène. Ce qui est nouveau c’est que cette fois-ci le processus d’émancipation géopolitique et de sortie du sous développement est en train de réussir pour certains et que les méthodes  ne sont pas les mêmes.

Dans le cas de la Chine, notons d’abord que son arriération au vingtième siècle est un phénomène relativement récent sur la très longue durée, qui est d’ailleurs celle que privilégient les Chinois. D’après plusieurs historiens, en l’an mille la Chine faisait 75% du PIB mondial. En 1800, à l’aube de la révolution industrielle au Nord, ce chiffre sera encore de 60%. En 1949, au moment de l’entrée de Mao à Pékin, il était tombé à 5%. Pour les Chinois, ce recul est un phénomène récent, imputable essentiellement à de multiples agressions extérieures venues d’Occident, mais aussi de Russie et du Japon. À ses yeux la Chine est donc en train de retrouver sa place, la première, celle de la plus ancienne civilisation vivante. Il s’en suit une extrême sensibilité voire une susceptibilité certaine pour tout ce qui concerne la dignité nationale , l’intégrité territoriale et l’accès aux matières premières indispensables à un développement rapide. Notons aussi que le combat pour l’indépendance, la modernité et peut-être surtout la dignité, est un phénomène ancien. Dès la fin du dix-neuvième siècle et surtout dans la première moitié du vingtième, la résistance nationale est partie intégrante de l’identité chinoise et contribue à expliquer les positions comme les politiques actuelles de la Chine.

Dans le cas de la Russie, après  le chaos de la décennie Eltsine, s’ouvre un lent mais régulier processus de modernisation mais surtout de reconquête du statut de grande puissance. Ainsi est mis fin au grignotage par l’Occident des marches de l’empire et en particulier en  Ukraine et en Géorgie. Dans ce dernier cas, l’intervention rapide, et réussie de la Russie après la tentative des autorités géorgiennes de récupérer L’Ossétie du Sud et l’Abkhazie signifie deux choses : la Russie relève la tête et défendra désormais ses intérêts vitaux y compris par les moyens les plus radicaux ; elle signifie aussi qu’aux marches des puissances montantes, l’hégémonie américaine est impuissante à faire plus que de se lamenter. Citons également le coup d’arrêt au déploiement de missiles de moyenne portée par l’OTAN en Pologne, la fondation du Groupe de Shanghai (une alliance militaire encore embryonnaire avec la Chine mais aussi avec nombre d’ex républiques d’ Asie centrale), le soutien à l’Iran et à la Syrie…

Le cas du Brésil est moins spectaculaire mais tout aussi réel. Des années trente aux années cinquante, le pays connaît une phase d’émancipation économique : l’industrialisation par substitution des importations par des produits nationaux, souvent couronnée de succès. Ce phénomène d’émancipation et de développement économique correspond et est rendu possible par l’affaiblissement de l’emprise du Nord sur les grands pays d’Amérique latine, suite à la crise de 1929 et à la Seconde Guerre Mondiale. Les années cinquante, soixante et surtout soixante-dix sont celles d’un retour de l’hégémonie géopolitique et économique des Etats-Unis, sur fond  de la mise en place de dictatures sanglantes et d’endettement extérieur massif. Suit dans les années quatre vingt une « décennie perdue » (en fait une quinzaine d’années), marquée par la charge de la dette, la croissance faible, le chômage et l’inflation.  La période marquée par les deux mandats de Lula et les premières années de celui de Dilma Roussef, l’actuelle présidente, est bien celle d’une revanche : retour de l’industrialisation, désendettement, émancipation géopolitique par rapport aux Etats-Unis. Longtemps les Brésiliens, avec un humour d’autodérision, disaient de leur pays qu’il était un pays d’avenir et qu’il le serait toujours. Aujourd’hui c’est chose faite, il s’agit bien d’une success story au présent, la revanche est bien là…

Le cas de l’Inde est sans doute moins net. Rappelons quand même le rêve de Nehru, l’un des pères du tiers mondisme des années cinquante et soixante : décoloniser pour dépasser le sous-développement et arracher le pays à l’arriération.  C’est au cours des dix dernières années que ce rêve commence à se réaliser, au moins en partie.

Notons une fois de plus que, dans les quatre cas que nous venons de voir, le développement économique est lié étroitement à une idée d’émancipation politique et de reconquête de la dignité nationale.

5.  A ce patriotisme politique, s’ajoute ce que l’on pourrait appeler un patriotisme économique. De quoi s’agit-il ? Cinq caractères peuvent commencer de le définir.

– Contrairement aux idées dominantes (codifiées par le « Consensus de Washington », le FMI, l’OMC et les traités européens), le libre-échange, la concurrence, les privatisations ne sont pas des valeurs en soi mais des outils à être utilisés sélectivement et à bon escient.

– L’État est conçu comme un capitaine ou encore comme le leader de l’économie nationale et donc

– Il initie et détermine le cadre économique optimal par une action de conception, de financement et de gestion des projets stratégiques.

– Il décide du rythme et des modalités de l’ouverture à la mondialisation qui n’est ni adulée ni diabolisée. Comme pour le libre-échange le protectionnisme n’est pas une valeur en soi, mais un outil à être utilisé sélectivement, au cas par cas, de façon temporaire, et en étant couplé à une politique industrielle dynamique.

Tout cela est surtout vérifiable pour la Chine et le Brésil.

En Chine on peut considérer que la période qui va de 1949 à 1976 correspond à une première phase de redressement et de modernisation, mais aussi de conquête d’une forte unité nationale. Après une période de transition de trois ans environ, la Chine s’ouvre prudemment à l’initiative privée et au capital étranger à partir de 1980. Celui-ci doit apporter et des ressources financières et du savoir-faire. La priorité est alors à l’export, dont une grande partie est assurée par des firmes étrangères, souvent en joint venture avec des entreprises chinoises privées ou publiques. Les dix dernières années sont celles d’une sinisation de l’appareil productif national, en particulier en moyenne et en haute technologie. Enfin, depuis la crise financière actuelle on assiste au début d’un basculement d’une priorité à l’export vers une priorité au marché intérieur et aux investissements directs des entreprises chinoises à l’étranger. Parmi les atouts majeurs de la Chine notons aussi les réserves de change qui passent de 166 milliards de dollars en 2000 à 2600 milliards en 2011. Notons aussi les achats massifs de bons du Trésor américains, soit un stock de 900 milliards de dollars. Ce dernier point représente un élément central du rapport de force entre une hégémonie déclinante et une  puissance montante.

L’ensemble de ces processus voient l’État jouer ce rôle de capitaine qui décide du quand et du comment du passage d’une phase à l’autre. Trois exemples forts illustrent ce point.

– L’économie chinoise n’est ouverte  qu’à travers un véritable mécanisme de filtrage, ou encore de protectionnisme sélectif défini par l’État.

– Le yuan n’est pas côté sur les marchés des changes, mais défini par rapport aux autres devises par une décision administrative. L’État suscite alors politiquement une sous-évaluation allant de 30 à 40% par rapport à ce qu’il vaudrait s’il était soumis à l’offre et à la demande. C’est donc ici de véritable dumping de change délibéré qu’il s’agit. Notons également que le commerce de la Chine avec ses voisins asiatiques commence de plus en plus à être libellé en yuans et que la Malaisie vient d’émettre des bons du Trésor en yuans, que les marchés se sont arrachés.

– Suite à la crise financière qui s’ouvre fin 2007, la réponse chinoise, là encore pilotée par l’État, est une relance par un énorme effort d’investissement, notamment en infrastructures. L’investissement représente aujourd’hui 40% du PIB chinois.

Au Brésil on retrouve ce protectionnisme sélectif qui vise à protéger non pas l’emploi dans des secteurs vieillissants, mais des industries d’avenir encore en phase d’adolescence.

L’exemple le plus fort est celui de l’aéronautique avec Embraer. L’impulsion première est donnée par l’État dans un secteur où les « tickets d’entrée » sont énormes.  L’entreprise est lancée en 1968, le capital public étant de 100%. Les inputs étrangers nécessaires sont totalement exempts de taxes à l’importation, les produits finis équivalents importés sont taxés à 50%. Le débouché initial est un marché captif, assuré par des commandes militaires, vite rejointes par des commandes nationales privées fortement subventionnées, en attendant que l’export prenne la relève. La privatisation du capital se fera progressivement à hauteur aujourd’hui de 95%, l’État contrôlant toujours 85% des actions avec droit de vote. Embraer est aujourd’hui leader mondial dans son segment de l’aéronautique, celui de l’ « aviation générale ».

Un autre exemple fort est celui des conditions posées aux capitaux étrangers entrants. L’entrée est libre, mais la sortie des bénéfices réalisés est lourdement taxée. Le message est clair : venez gagner de l’argent au Brésil, mais investissez vos gains sur place.

Tout cela montre que la contradiction privé-public est dépassée ou plutôt maitrisée, l’objectif étant de brasilianiser l’économie.

Ce patriotisme économique va se retrouver en Inde et en Russie, mais à degré moindre. Citons quand même l’exemple du secteur de l’énergie en Russie, où l’État dépossède ces dernières années les « oligarques » pour s’assurer du contrôle direct de ce secteur et s’en servir comme d’une véritable arme géopolitique.

6.  Le troisième caractère commun à ces pays est d’ordre social : à des degrés divers selon les pays on trouve une volonté explicite de mettre en œuvre des politiques sociales visant à améliorer le niveau de vie des plus défavorisés. Notons ici un paradoxe apparent : alors que le niveau de vie de ceux-ci s’élève, les revenus des plus riches s’élèvent plus vite encore. La sortie de l’arriération s’accompagne donc d’une aggravation des inégalités qui donne souvent lieu à des conflits et des tensions. Il n’en demeure pas moins que globalement ces politiques renforcent la cohésion de la société. Au delà, elles permettent de développer la demande intérieure, ce qui constitue une garantie contre les fluctuations des débouchés extérieurs. Nous sommes ici aux antipodes des politiques prônées par le FMI qui demandent à tous les pays de faire de l’austérité pour se consacrer à la compétitivité extérieure, ce qui est évidemment absurde : si tous les pays sont exportateurs nets, qui importe ?

C’est au Brésil que ce volontarisme social trouve son expression la plus achevée, et ce depuis les années Lula. Citons ici les fortes hausses du salaire minimum, la création d’un fond de retraite des salariés agricoles et surtout la désormais fameuse bolsa familia : des subventions importantes sont versées aux familles les plus pauvres (soit environ le quart de la population), et ce à deux conditions. Les sommes versées sont remises à la mère et non au père de famille, sous réserve qu’elle produise une fois par mois les livrets scolaires et de santé des enfants, à jour.

En Chine, la même volonté existe qui correspond à une préoccupation majeure déjà évoquée ci-dessus : assurer la relève de la priorité export par celle de la demande interne. L’obstacle ici est la formidable propension à épargner des ménages chinois : près de 40% du revenu disponible. Cela s’explique par la disparition des couvertures qu’assurait le système communiste, surtout en matière de santé et de vieillesse et par la politique de l’enfant unique qui réduit considérablement les possibilités de solidarité familiale. Pour amener donc les Chinois à épargner moins et consommer plus, il faut d’abord les rassurer. Et donc reconstruire un système de protection sociale, ce qui est évidemment un travail de longue haleine.

En Inde et en Russie le même souci existe et pour les mêmes raisons mais ce qui reste à faire est encore plus difficile que pour la Chine. Pour l’Inde il faut mentionner le système des castes et l’hétérogénéité  ethnique comme obstacles principaux et pour la Russie la dénatalité et le vide crée par la disparition trop soudaine d’un système de type collectiviste.

7. Le quatrième caractère commun à ces pays est constitué  par ce que l’on pourrait appeler le pari de l’intelligence. Dans les quatre pays concernés on trouve une tradition culturelle forte avec les investissements que cela implique. Au moment où les systèmes productifs mondiaux sortent du fordisme pour aller vers des formes de travail plus flexibles et plus sophistiquées, ces pays vont trouver chez eux des réserves d’intelligence qu’ils vont, à des degrés divers, chercher à développer.

Dans le cas de la Chine les choses sont spectaculaires.

En 2002 les pays développés faisaient 84 % des publications scientifiques et la Chine 5%. En 2008 ces chiffres sont respectivement  de 70 et de 10 %. En 1995 les Etats-Unis comptaient un million de chercheurs contre 500 000 pour la Chine. En 2008 chacun de ces deux pays compte 1,2 millions de chercheurs. Les dépense de RD (Recherche-Développement) par rapport au PIB en 2008 sont de 1,8% aux États-Unis contre 1,54% en Chine mais ce dernier chiffre a doublé en huit ans alors qu’il restait stable aux Etats-Unis. En 2008, les dépenses de RD chinoises dépassent celles du Japon. La Chine comptait 1,8 millions de diplômés du supérieur en 1998 contre 6,5 en 2010.

En Russie un des acquis du système précédent était justement l’effort éducatif. Pas d’analphabétisme et un excellent niveau scientifique en amont donc de la filière RD.

En Inde, bien avant les percées actuelles en particulier en informatique, Nehru et ses successeurs vont développer les universités et donc le nombre de diplômés du supérieur au-delà des besoins immédiats. On trouve bien ici l’idée d’un investissement à moyen et long terme qui va servir de base d’intelligence le moment venu.

Au Brésil, on retrouve ce phénomène que les gouvernements Lula viennent renforcer : création et développement de centres de recherche et d’universités, bourses scolaires et universitaires importantes…

Retenons que, dans les quatre pays, l’effort scientifique et technique porte aussi, et de plus en plus, sur la recherche fondamentale, au-delà donc des besoins immédiats de l’économie. C’est bien là le signe d’une stratégie à long terme.

8.  En conclusion, la recette gagnante des BRIC tient à l’articulation des quatre éléments que nous venons de voir : identité forte et volonté de revanche par rapport à un destin jugé injuste, patriotisme économique où marché et intervention publique se complètent, préoccupations sociales pour développer la demande intérieure et enfin pari de l’intelligence.

Sur le strict plan géopolitique les BRIC apparaissent comme les premiers acteurs et les premiers gagnants de la mondialisation et de la multipolarité naissante et ce d’abord contre les pratiques hégémoniques de l’Occident. Donc, entre eux, pas d’alliances explicites et durables mais des convergences avant tout pragmatiques mais souvent efficaces sur telle ou telle question.

Deux remarques encore.

– Il n’est pas question  d’ignorer les contradictions, les problèmes, les dysfonctionnements que connaissent ces pays, en particulier la corruption et les dégâts écologiques. Cela étant, ils sont les premiers à en être conscients et à s’en occuper, mais à un rythme qu’ils refusent de se laisser dicter.

– Leur exemple révèle en quelque sorte par contraste ce que l’Europe n’est pas et refuse de devenir, compte tenu des traités de Maastricht à Lisbonne, avec les conséquences que nous savons. Si nous reprenons les quatre éléments du succès des émergents les choses apparaissent clairement. La crise grecque et sa « gestion » n’est que la dernière manifestation de l’inexistence d’une nation européenne même en gestation. Le « patriotisme économique », qui est un refus de prendre des outils comme le libre échange ou la concurrence pour des fins en soi et l’utilisation intelligente et de l’action publique et des marchés nous est simplement interdit par les traités que nous nous sommes imposés. Le résultat ici étant une désindustrialisation croissante. Le social est chez nous étroitement subordonné à des politiques d’austérité draconiennes qui constituent une contradiction logique : cassant la demande finale et donc interdisant tout retour de la croissance, ces politiques rendent impossible la réalisation de leur propre objectif déclaré à savoir le désendettement public. Et ceci sans même parler des souffrances infligées aux populations et donc des menaces sur le tissu social lui-même.

Enfin, on voit en Europe le domaine technoscientifique, mesuré entre autres par les dépenses de RD, stagner ou régresser. Comment évoquer dans ces conditions un pari de l’intelligence ?

Les émergents peuvent-ils inspirer des politiques de sortie de crise ailleurs et en particulier chez nous ? Nous avons vu le poids de l’histoire dans chacune des dimensions évoquées. Cependant un grand nombre de pistes existent pour aider et l’Europe et les laissés pour compte de la mondialisation au Sud, à s’en sortir, le maitre mot étant sans doute ici la volonté politique…

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